Brest en Bulle

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26 janvier 2015

Chronique

Initialement parus dans le magazine mensuel Louarnig sous le nom de Paotr Louarn (« Garçon-Renard » en breton), les premiers épisodes ont été publiés en 2012 dans un comic-book dont la couverture fut encrée par Klaus Janson (NDLR : encreur de Frank Miller sur The Dark Knight Returns), rien que ça. Les aventures de Fox-Boy reviennent aujourd’hui dans une édition reboot chez Delcourt.

Pol, bien que bon élève dans un lycée rennais, s’amuse à ridiculiser ses camarades sur les réseaux sociaux. Nizar, excédé par son comportement, décide de lui donner une bonne correction. S’en suivra une course poursuite effrénée qui se terminera dans l’échoppe d’un occultiste. Ce dernier décide de l’aider en lui attribuant les pouvoirs du renard. Métamorphosé physiquement mais aussi psychologiquement par ses nouveaux pouvoirs de renard-garou, Pol se liera finalement d’amitié avec Nizar.

Sans pour autant révolutionner le genre, Fox-Boy est un comics sympathique et frais. Laurent Lefeuvre connaît bien ses classiques et on ne peut s’empêcher de penser à Spider-Man ou Kick Ass en plongeant dans cet album.

En ancrant son héros dans la réalité, Laurent le confronte aux problèmes actuels, à défaut de super-vilain. Côté dessin, on retrouve un aspect vintage qui n’est pas déplaisant une fois passées les premières pages. Mention spéciale pour les magnifiques décors rappelant avec exactitude la ville Rennes.

Que dire d’autre si ce n’est merci à Laurent et Thierry Mornet, et longue vie à cette collection Comics Fabrik chez Delcourt.

Néness.

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26 janvier 2015

Chronique

Lauréate de deux Harvey Awards et d’un Eisner Award en 2010, référencée comme best-seller par le New-York Times… Vous pourriez nous dire que nous ne sommes en avance pour chroniquer cette série. Et vous auriez raison.
Cependant, une nouvelle édition, en couleurs, vient de paraitre chez Milady, ce qui nous permet de réparer cette erreur.

Scott Pilgrim a 23 ans. Il vit à Toronto au crochet de son colocataire gay Wallace. Il est également bassiste dans un groupe, les Sex Bob-Omb et sort avec une lycéenne de 17 ans, Knives Chau. Il se laisse vivre sans trop se poser de questions.

Mais au hasard d’une visite à la bibliothèque, il va croiser la belle Ramona Flowers. Elle va s’immiscer peu à peu dans ses rêves jusqu’à le hanter et bouleverser toute son existence.

Le problème est que pour sortir avec Ramona, Scott va devoir combattre ses sept anciens petits amis maléfiques. Scott, bien que meilleur combattant de la région, saura-t-il relever le défi ?

Mix étonnant entre Shôjo et Shônen, le tout venant d’outre-Atlantique, Scott Pilgrim est une merveille à découvrir d’urgence. Le décalage entre la vie des personnages, très proche de la réalité, et les combats, totalement ubuesques, en fait une série décalée, drôle et très plaisante.

Néness.

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26 janvier 2015

Chronique

« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer. » Cette citation liminaire et les récits qui suivent engendrent une série d’interrogations.

Ainsi, la première histoire (les Chevaux marins, W.H. Hodgson), poignante, conduit à se demander ce qu’il advient de ceux qui vont sous la mer. La suivante (La Chiourme, P. Mac Orlan) donne à ce questionnement un autre éclairage, quand un « bonnet rouge » (rien à voir avec les activistes actuels) entraîne par le fond une belle aristocrate.

La deuxième adaptation de Mac Orlan pose une nouvelle question : qu’en est-il de ceux qui marchent sur la mer, autrement dit de ceux qui osent s’aventurer sur la plaine marine quand elle se solidifie sous l’effet du froid et devient banquise ?

L’album présente une alternance d’extraits de classiques illustrés en noir et blanc et d’adaptations de nouvelles en quelques planches. Les époques et les ambiances abordées sont diverses, le trait varie en conséquence : strié et dru comme un grain sur une planche, il prend de la rondeur et de l’ampleur sur une autre, au gré des flots décrits et des aventures qui s’y déroulent. Les couleurs sont au diapason de la dramaturgie, clignotant comme les lumières d’un phare, d’un feu d’artifice ou d’un orage.

Le Floc’h, Chabouté, Flao, Lepage… Ces dernières années, des dessinateurs de grand talent se sont confrontés au thème de la mer. La singularité de Riff Reb’s réside dans ce style proche par certains aspects du cartoon (cela n’a rien de péjoratif) auquel il insuffle un impact émotionnel explosif. A cet égard, le point paradoxalement culminant de l’album se situe peut-être dans Le Naufrage (d’après Stevenson), modèle de strip mariant humour noir et philosophie pour le meilleur et pour le pire.

A l’heure où des pilotes de course régatent en Atlantique comme s’ils se tiraient la bourre dans une simple baie ou en rade de Brest, le pouvoir de fascination qu’exerce la mer sur l’homme est-il intact ? Recèle-t-elle toujours en son sein une énigme fondamentale, mélange d’attraction et de répulsion, pour ce mammifère que l’évolution a rendu essentiellement terrien ? La réponse que livre Riff Reb’s dans ce troisième volume consacré à l’adaptation – libre, comme il se doit sur ce thème – de récits de grands écrivains, est sans ambiguïté ; et il est peu probable que Loïck Peyron le démente.

Malo.

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2 juin 2014

Chronique

« C’est un livre qui se mérite, mon cher Monsieur. Il ne peut échoir qu’à quelqu’un qui connaît l’œuvre de Mac Orlan de l’intérieur. »

L’avertissement sus-cité s’adresse à la fois à un personnage nommé Marin et au lecteur du livre d’Arnaud et Briac. L’immersion dans l’univers de l’écrivain se double donc d’une mise en abyme : personnage et lecteur sont logés à la même enseigne ; pas celle du Bon Chien jaune, mais de Léon, bouquiniste rue Turenne à Brest.

Selon un dicton bien connu « on ne passe jamais par Brest, il faut avoir une raison d’y aller ». Marin en a une bonne : dans l’espoir de mettre un terme à sa thèse sur Mac Orlan, il débarque dans la cité du Ponant pour y rencontrer Léon qui prétend avoir en sa possession un manuscrit inédit de l’écrivain. Ce dernier n’est-il pas l’inventeur du concept de « fantastique social » ? Marin le sait forcément; en revanche, il ignore qu’il va avoir l’occasion de l’expérimenter… de l’intérieur.

Qu’on se rassure: le livre n’est pas réservé aux spécialistes; le scénario est au contraire conçu comme une initiation à l’œuvre de Mac Orlan. Arnaud Le Gouëfflec a imaginé une énigme de roman d’aventure malicieusement anachronique, carte au trésor à l’appui, teintée d’une fantaisie issue de son propre univers, proche à bien des égards de celui de Tim Burton : étrange fête d’Halloween dans un hangar du port ; plus étrange encore ce commissaire Bourrel qui pourchasse Marin avec ses faux airs du Pingouin de Batman returns.

Dans sa quête, Marin parcourt les lieux emblématiques de Brest : la rue de Siam, la place Guérin, le pont de Recouvrance, le port de commerce… et rencontre deux oiseaux de nuit qui deviennent ses compagnons: Teuz, sorte de Jean-Michel Basquiat qui aurait repris l’œuvre de Paul Bloas dans l’ancienne prison de Pontaniou; et Marguerite, forcément, rousse incendiaire convoitée par Bourrel, tenancière d’un cabaret, le Diable dans la bouteille, qui rappelle furieusement le Lao Tseu d’un album précédent de Briac. On le voit, le récit regorge de clins d’œil et d’échos.

Dans son style pictural si caractéristique, Briac donne merveilleusement corps, par le travail des couleurs, aux différentes ambiances que traversent les personnages lors de leur pérégrination dans la nuit brestoise. Certaines planches sont de véritables tableaux, tels ces deux vues du port, de nuit et à l’aube.

Malo.

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2 juin 2014

Chronique

A la mort de Philippe II, roi de Macédoine assassiné en 336 av. J-C, son jeune fils Alexandre prend le pouvoir sans sourciller. Il va commencer par s’assurer de l’allégeance des cités grecques tout en prenant soin d’éliminer tout rival potentiel à Pella, capitale de son royaume. Après avoir pacifié les frontières de celui-ci, il reprendra le projet fou de son père en se tournant vers l’Orient et l’immense empire qu’il rêve de conquérir: la Perse de Darius III.

Autour de cette trame historique bien connue, David Chauvel et Michaël Le Galli ont imaginé des intrigues dont ce premier tome nous présente les protagonistes. On fait ainsi connaissance de Pyrrhus et Eurydice, enfants d’un héros de Chéronée, cherchant chacun à leur manière à séduire Alexandre pour recouvrer leur rang et leur fortune confisquée par un opportuniste prêt à tout pour la conserver, Amphion. On découvre également Karanos, fougueux soldat, amoureux fou d’une prostituée, Apamée, qu’il arrache à son bordel en lui promettant rien moins que le trésor caché d’un ancien souverain perse !

Pour mettre en images un tel récit mêlant grande histoire et fiction, si riche en potentialités dramatiques, il fallait un dessinateur de grand talent. Gildas Java en est un, incontestablement. La précision de son trait s’accommode fort bien du souci constant du détail et rend à merveille les gestes et expressions des nombreux personnages, tandis que le choix des angles de vue et le travail des couleurs produisent des planches réellement spectaculaires (à ce propos, l’image choisie pour illustrer la couverture recto-verso ne trompe pas sur la « marchandise »), les scènes de batailles ou de sacrifices rituels notamment.

Plus de vingt-trois siècles après les faits, l’épopée d’Alexandre continue à faire couler l’encre et à générer moult images. On se souvient du film d’Oliver Stone, et plus récemment du beau roman de Laurent Gaudé, Pour seul cortège. Ce premier tome lance un péplum graphique de haute tenue qui apporte une nouvelle pierre à l’édifice mythique.

Malo.

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