EAN13
9782957497607
ISBN
978-2-9574976-0-7
Éditeur
ONCLE AMERIQUE
Date de publication
Nombre de pages
246
Dimensions
19 x 14 x 1,9 cm
Poids
292 g
Langue
français
Langue d'origine
portugais
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"Brás, Bexiga et Barra Funda"

Informations de são paulo, 1927

De

Traduit par

Oncle Amerique

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« "Brás, Bexiga et Barra Funda" est l’organe des Italo-Brésiliens de São Paulo. (…) "Brás, Bexiga et Barra Funda", en tant que membre de la presse libre, tente de fixer tout au plus quelques aspects de la vie laborieuse, intime et quotidienne de ces nouveaux métis nationaux et nationalistes. C’est un journal. Rien de plus. De l’information. C’est tout. Il n’a ni parti ni idéal. Il ne commente pas. Il ne discute pas. Il n’approfondit pas. (…) Dans ses colonnes, on ne trouve pas une seule ligne de doctrine. Ce ne sont que faits divers. Événements de la chronique urbaine. Épisodes de la rue. (…) "Brás, Bexiga et Barra Funda" n’est pas un livre. »
(La rédaction.)
« Une affaire sérieuse. »
« En fin de compte, ce que voulait vraiment Alcântara Machado c’était tuer la littérature. Il l’a tuée. "Brás, Bexiga et Barra Funda" est le meilleur journal jamais apparu au Brésil. Il ne contient pas une goutte de littérature. »
(Carlos Drummond de Andrade)
Argumentaire :
Le petit Gaetaninho, entre deux parties de foot en pleine rue, rêve de traverser la ville en fiacre, mais ce n’est pas simple pour un humble gamin des faubourgs. La belle Carmela Santini, couturière typique, s’offre les frissons du flirt en automobile dans les rues chic du centre. Aristodemo Guggiani, jeune homme remuant, n’était pas le mieux désigné pour devenir un bon patriote brésilien ; le service militaire achèvera sa formation. Nicolino Fior d’Amore, garçon de coiffure, rumine son chagrin amoureux et cède au coup de folie. Adriano Melli aime Teresa Rita, qui le lui rend bien, mais comment épouser une fille de l’aristocratie locale quand on est le fils d’un parvenu italien ? La pauvre Lisetta Garbone, elle, aimerait bien avoir un bel ourson comme cette fille riche croisée dans le tram, c’est toute une scène. Puis ce sont les histoires, heureuses ou tragiques, de Miquelina dont le cœur balance entre deux joueurs au gré d’un match de foot, de l’orphelin Gennarinho Intaliano promis aux hautes destinées de la politique, de dona Nunzia et de sa famille au deuil un peu démonstratif, de l’habile commerçant Natale Pienotto, du barbier Tranquillo Zampinetti en pleine crise de citoyenneté…
D’un exotisme paradoxal, les onze nouvelles qui composent ce petit volume très concerté, paru en 1927, sont toutes consacrées à l’évocation d’une drôle de population : cette communauté italienne, omniprésente et pittoresque, qui fait de la ville de São Paulo, au début du XXe siècle, une véritable « petite Italie ». Le recueil emprunte justement son titre aux trois quartiers périphériques où se concentraient alors les plus humbles de ces immigrés et de leurs descendants. Et si le sous-titre « Informations de São Paulo » finit d’assimiler le livre à un journal local, c’est parce que l’auteur, journaliste avant toute chose, se plaît à traiter cette vivante thématique dans l’esprit d’un authentique chroniqueur, voire d’un simple fait-diversier, loin de toute littérature ou, plutôt, de toute affectation littéraire, de toute prétention à la fiction. Ce qu’expose éloquemment la préface originale, un « Editorial » signé « La rédaction ».
Par l’anecdote, en effet, et contre la fiction à thèse, l’auteur aborde son sujet sans idéologie aucune, de manière presque documentaire, sans autre parti-pris que ce constat bien simple et tout pragmatique, presque euphorique : l’immigration est un fait, les Italiens sont là, en masse, et leurs enfants font déjà le Brésil de demain. Un discours qui, tel un « traité du nouveau Brésil » comme l’écrivit un critique, devait résonner fort dans les milieux intellectuels, où rien ne faisait tant discuter que la définition de la nationalité, et qui, hors contexte, peut encore donner à penser.
Mais au-delà de ce contenu fictionnel et de ses enjeux, ce qui fait de ce recueil un épatant petit chef-d’œuvre, c’est la formule littéraire particulièrement aboutie, mise au point par un jeune adepte de l’école moderniste brésilienne : une prose vive et concrète, au goût du jour, on ne peut plus près du réel mais sans reconduire les méthodes du vieux naturalisme ou du réalisme social ; un mode narratif qui court-circuite allègrement toute convention, toute conception un peu roborative de la fiction. Et c’est le style : dense, synthétique, rapide et syncopé, impeccable de concision, économique à souhait, portant haut les vertus de l’ellipse et de la suggestion ; et sous une certaine apparence de sèche objectivité, une drôlerie permanente, un humour pince-sans-rire, une ironie un peu sentimentale et jamais vraiment satirique, en somme un regard amusé et plein de tendresse sur les figures typiques et les drames symboliques d’un bout d’humanité très attachant et qui représente, c’est entendu, bien plus que lui-même. Une comédie humaine en miniature.
À sa parution, l’ouvrage suscita au Brésil une réception impressionnante, de la part des critiques de tous bords, quasiment unanimes dans l’éloge, saluant aussi bien la nouveauté du thème, son actualité et sa fécondité, que la plume originale d’un nouvel écrivain fraichement associé à l’avant-garde, et qui donnait là son premier livre de fiction. Un succès critique que devaient confirmer plusieurs générations de lecteurs, de tous âges, consacrant ce titre, resté le plus populaire dans l’œuvre de l’auteur, comme un classique de la modernité et un sommet de la nouvelle brésilienne.
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