Une guerre interdite

André Daviaud

Perséides

  • Conseillé par
    16 novembre 2015

    Baroud d'honneur, baroud d'horreur.

    Baroud d'honneur, baroud d'horreur.
    Grand Prix des Ecrivains Bretons 2015 catégorie « Roman »
    Roman en deux parties : « Le piège » et « La gifle ».
    La première partie est, et de loin, la plus longue ; elle couvre une période allant de la guerre 39 /45 à la fin de la guerre d'Algérie. Le personnage principal est surnommé Bir Hakeim.
    La seconde s'étale sur une vingtaine d'années, la vie de "F", appelé du contingent, qui passera plus de vingt mois en Algérie.
    Nous sommes à Marseille un jour d'octobre, des jeunes gens en uniforme montent dans un bateau. Direction l'Algérie, où après un entraînement terrible, ils partent pour de longs mois avec une mission : « maintenir l'ordre ». Pourquoi envoyer des soldats pour faire ce qui incombe généralement aux policiers et gendarmes ?
    Un adjudant parle de l'Indochine, son surnom Bir Hakeim. C'est en effet un vieux de la vieille. Les soldats de cette époque sont passés d'un combat noble, la libération de la France, à des missions moins glorieuses : prolonger le passé colonial du pays, et mater autant que faire se peut les populations autochtones en révolte.
    C'est malgré tout un militaire hors normes, issu d'un milieu pauvre ; il est, sous ses airs bourrus, un homme de bien.
    Nous l'accompagnerons dans ces périodes de guerre, de misère, de blessures au combat, de blessures à l'âme, de la gloire, de la victoire à la honte de la défaite.
    F veut uniquement avoir une vie normale, la première phrase de la partie qui lui est consacrée est la suivante :
    « Il avait été un enfant rieur. »
    Il est né un peu avant la guerre, il en a quelques souvenirs épars, les bombardements de 1943. Depuis il a grandi, il aime les travaux des champs, s'occuper des bêtes, la vie au grand air. Sa voie est toute tracée, il rentre dans une école agricole et découvre l'agriculture moderne, les tracteurs et autres engins mécaniques. Il fait partager son savoir à son père, régisseur d'un domaine. Il a découvert le sens de sa vie.
    Sauf qu'à des milliers de kilomètres de là, une autre colonie française se soulève...
    Deux personnages que tout oppose, Bretons, c'est leur seul point commun. L'un et l'autre viennent du monde paysan. Le premier le quittera pour devenir militaire, le second étudiera pour le rester. Bir Hakeim est un soldat, un guerrier, un militaire, c'est son honneur et sa raison de vivre. Les pires périodes de sa vie furent celles où démobilisé, il traîne son ennui dans la vie civile. Après la guerre de 39 /45, il sera de tous les affres de la décolonisation. Pacification de l'Indochine, ou maintien de l'ordre en Algérie, doux euphémisme pour ne pas parler de guerre. Vaincu à Dieng-Bien-Phu, il refusera de l'être à Alger. Il sera l'un de ces soldats perdus qui refuseront une seconde défaite en terre algérienne.
    F aussi est breton, la paysannerie est son monde, il étudiera au lycée agricole, sa vie est sur sa terre natale. Comme des milliers d'autres appelés, il partira faire ce qu'on appelle du « maintien de l'ordre » de l'autre côté de la Méditerranée. Il sera bringuebalé de poste en poste. Il connaîtra des moments de relative sécurité et des jours de bonheur, en aidant un vigneron. Il sera aussi témoin passif de cette sale guerre durant certaines affectations dans ce que l'on appelait alors des zones « pourries ». Il assistera, écœuré, mais silencieux à des séances de torture, comme des milliers d'autres, il se taira.
    Il regagnera la France, changé à tout jamais...
    Un livre que j’ai beaucoup aimé et qui m’a appris plein de choses sur des sujets encore un peu tabous, la fin de l’empire colonial français.